Le changement climatique, tout comme la pollution des sols, des eaux et des airs, questionne nos modes de vie et nos pratiques. C’est en particulier le cas dans le domaine agricole, où les exploitations et les modes de production sont fortement mis à l’épreuve. Pour faire face à de tels changements, de nouvelles approches, comme l’agrivoltaïsme, sont porteuses de solutions.
L’agrivoltaïsme allie production d’énergie photovoltaïque – avec un recours sans cesse croissant à l’énergie électrique – et production agricole. Concrètement, des panneaux photovoltaïques sont implantés sur les terrains agricoles via des structures qui permettent de s’adapter à l’activité et à la conduite culturale. L’agrivoltaïsme permet de pérenniser l’exploitation agricole. Mais comment une ferme agrivoltaïque s’inscrit-elle de manière durable à l’échelle d’une exploitation ?
Les enjeux de l’agrivoltaïsme pour l’exploitant agricole
Le maintien de l’activité agricole est garanti grâce notamment à un partage de la lumière entre les cultures ou l’élevage et les panneaux solaires. L’agrivoltaïsme s’inscrit dans les spécificités des terrains et participe au dynamisme des exploitations agricoles tout en contribuant au développement d’une production durable.
La mise en place des structures photovoltaïques au sein des exploitations répond également à la crise à laquelle est confronté le monde agricole :
- Le vieillissement de la population agricole
- Les inégalités entre les différentes tailles d’exploitation
- La baisse du nombre d’exploitations agricoles
Les installations agrivoltaïques permettent d’améliorer l’attractivité de l’exploitation mais aussi une meilleure transmissibilité. Cela permet de participer au maintien de la souveraineté alimentaire en France.
Enfin, quel que soit le type d’élevage (élevage ovin, élevage bovin, etc.), le type de culture (céréales, vergers, vignes), la solution agrivoltaïque s’inscrit dans la continuité de l’activité agricole. Ce codéveloppement est à même de favoriser la transition agricole et énergétique. L’installation photovoltaïque est complètement réversible et le site est remis en état lors du démantèlement des installations agrisolaires.
Les opportunités de l’agrivoltaïsme pour l’agriculteur
Envisager l’installation de panneaux photovoltaïques sur des terres agricoles doit être pensé et étudié en prenant en compte tous les paramètres, notamment sur un plan environnemental, naturel, paysager et agricole.
Trois services apportés par les structures agrivoltaïques à la parcelle et à l’exploitant :
- Pérennisation de l’exploitation d’élevage sur une production de qualité et respectueuse de l’animal
Pour les élevages ovins, bovins ou encore de volailles, les panneaux solaires créent des zones ombragées, qui peuvent servir d’abris pour les animaux. Il en est de même lors des fortes pluies ou autres intempéries.
Les bénéfices de l’ombrage dû aux panneaux solaires n’impactent pas uniquement les animaux, ils protègent également la prairie de la sécheresse. Selon les premières expérimentations, l’herbe poussant sous les panneaux serait de meilleure qualité et plus digeste pour les animaux, car protégée des rayonnements émis par le Soleil : l’herbe n’est pas brûlée.
Les structures mises en place permettent donc de proposer une production exemplaire en matière de qualité sanitaire, de bien-être animal notamment à travers la valorisation du pâturage sur une grande partie de l’année.
- Adaptation au changement climatique
Comme évoqué ci-dessus, les installations créent des zones d’ombre et permettent une diminution de la température sous les structures (fonction de régulation thermique des panneaux notamment en cas de canicule, jusqu’à 5°C) et une augmentation de la température en période de gel (jusqu’à 2°C).
Cela permet également de limiter le stress hydrique (pénurie d’eau) des cultures/prairies et donc de limiter l’évapotranspiration et de diminuer les besoins en irrigation. Les excès de rayonnement sont limités, par conséquent les brûlures foliaires le sont également.
- Préservation et valorisation des terres agricoles.
Grâce à l’agrivoltaïsme, les agriculteurs peuvent maximiser l’utilisation de leurs terres en les exploitant à la fois pour leur production agricole et pour la production d’énergie solaire. En effet, l’agrivoltaïsme est né en Asie et plus particulièrement au Japon, dont le territoire est confronté à la croissance démographique, au besoin de produire de l’énergie durable ainsi qu’à la nécessité de produire suffisamment de nourriture pour subvenir aux besoins de chacun. L’agrivoltaïsme permet ainsi de lutter contre l’artificialisation des sols.
Les structures photovoltaïques proposées sont adaptées à la conduite agricole (hauteur minimum et maximum des structures). Les panneaux sont suffisamment espacés afin de permettre la conduite culturale (production de foin, cultures).
L’agrivoltaïsme permet donc à l’exploitant de diversifier son activité mais aussi d’accroître la transmissibilité de son exploitation, tout en garantissant la continuité d’une production agricole durable.
Du mieux pour la planète
Une telle pratique ne bénéficie pas qu’à l’exploitant agricole, mais participe également à la transition énergétique tout en veillant à la bonne intégration du projet dans son environnement. Elle permet de :
- Limiter les émissions de gaz à effets de serre. En produisant de l’électricité renouvelable, l’exploitant contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pour les exploitants, c’est une manière d’agir contre le changement climatique tout en valorisant leurs terres agricoles.
Vers une intégration réussie de l’agrivoltaïsme
Malgré quelques défis, l’agrivoltaïsme offre d’incontestables opportunités pour les agriculteurs. La clé de son succès dépend de la capacité des exploitants agricoles et des développeurs à travailler ensemble pour adapter ces nouvelles technologies aux conduites culturales en tenant compte des spécificités des territoires dans lesquelles elles s’insèrent. Les exploitants agricoles, en s’engageant dans cette démarche innovante, deviennent des acteurs clés de la transition énergétique, tout en assurant la viabilité de leurs exploitations.
Cette transition doit se faire en respectant le principe de partage de la lumière, c’est-à-dire en garantissant que l’installation de panneaux solaires n’entrave pas la croissance des cultures ou le bien-être des animaux. Pour cela, la loi d’accélération des ENR adoptée en mars 2023 permet de donner un nouveau cap à l’agrivoltaïsme et de mieux encadrer les projets à venir.